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XVII

ROME ET L’ACADÉMIE.


Les premières et bien vives émotions que je ressentis à mon arrivée à Rome tenaient plus à des bribes de souvenirs recueillis au collège et conservés encore frais dans mon esprit, qu’à l’aspect de la ville elle-même. J’avais peine à me croire sur ce sol foulé jadis par tant d’hommes que j’avais toujours un peu considérés comme des êtres de raison, et qui reprenaient là leur forme humaine, leur réalité. La pensée qu’ils s’étaient arrêtés près de ce tombeau, qu’ils avaient gravi cette voie qui mène au Capitole et où la trace de leurs chars se voit encore, me jetait dans une espèce d’étonnement vague qui tenait du rêve. C’est surtout à l’âge que j’avais alors, que ces sensations se font sentir avec une telle vivacité ; peut-être n’est-ce qu’à cet âge.

Je me souviens qu’à quelques lieues de Rome le conducteur de notre voiturin, frappant aux vitres de la voiture, nous annonça qu’on voyait