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L’ATELIER D’INGRES.

dont je n’avais eu aucune idée, ces œuvres d’art, ces merveilles qu’on voit à chaque pas, à chaque coin de rue, commençaient à remplir suffisamment ma vie, quand une rencontre que j’eus le bonheur de faire vint rompre notre solitude et ajouter à notre existence un élément plein de charme, et d’un intérêt immense pour moi.

Un soir, au théâtre de la Pergola, j’aperçus de loin Édouard Bertin, que je ne savais pas en Italie. Le mot gracieux qu’il m’avait dit un jour, et que j’ai rapporté, quoique ce fût le seul qu’il m’eût adressé, m’autorisait au moins à le saluer ; je le fis, et quelle ne fut pas ma surprise de le voir se lever, venir à moi et me témoigner par de vives assurances le plaisir qu’il avait à me rencontrer !

Il nous invita, mon ami et moi, à l’aller voir, et nous passâmes alors de charmantes soirées, toutes pleines de causeries intéressantes, de discussions qui eurent sur moi une très-grande influence, et, je crois, très-heureuse.

Peu de temps après cette rencontre, il était convenu que nous l’attendrions et partirions ensemble pour Rome. Il avait reçu de M. Thiers la mission de faire mouler en Italie tous les marbres les plus célèbres.

Ses occupations le retinrent encore un mois à Florence, et, pendant ce mois, mon temps se passa à voir, à dessiner, à admirer.