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DÉPART POUR L’ITALIE.

ne doit pas surprendre, quand on sait la commande qu’il fit lui-même à M. Ingres, directeur de l’École de Rome, d’un dessin de la Transfiguration.

En nous racontant ce fait, M. Ingres ajouta : « Certes, personne n’ignore que je ne crois pas m’abaisser en faisant d’après les maîtres un croquis, un dessin ; mais alors je le fais pour moi, comme un élève qui veut apprendre encore. Mais me demander un dessin d’après un autre ; moi, directeur de l’École, aller au Vatican avec mon carton sous le bras !… Je lui ai répondu : « Monsieur le ministre, maintenant, quand je fais des dessins, je les signe : Ingres. »

Que put répondre M. Thiers à ce mot d’une fierté bien naturelle ? M. Ingres ne nous le dit pas. Le ministre pensa probablement que tous les artistes étaient les mêmes, pleins d’un amour-propre ridicule, et se rejeta, sans grand regret, sur de jeunes artistes, ce qui était beaucoup plus convenable.

Enfin, je me trouvais débarrassé des tracas inséparables d’un départ. J’avais loué mon atelier. Tutta la mia robba, comme j’allais l’entendre dire si souvent, était placée chez mes amis : l’un avait mes quelques livres ; un autre, mon mobilier ! Mon fameux bonnet à poil avait été donné en