Tout cela a disparu, et je n’ai pu retenir, en rencontrant ces deux noms, ce souvenir de vieilles et fraternelles affections.
À côté des plaisanteries amusantes et des critiques très-justes, qu’il me soit permis de parler de l’approbation que voulut bien donner à mon tableau l’artiste hors ligne dont je fis la connaissance, comme je l’ai dit, à cette occasion.
Édouard Bertin venait d’exposer, l’année précédente, un paysage qui avait produit dans le monde des arts une grande sensation, et dont j’avais été bien vivement frappé. C’était une révolution dans le genre classique du moment, un retour vers le Poussin. Des masses simples, de grandes lignes, l’absence d’un feuillé minutieux, l’aspect grand et large de la nature.
Je ne connaissais pas l’auteur. On me le montra au Salon, et je l’examinai avec un double intérêt : d’abord, parce que c’était un homme de talent, et puis parce que je retrouvais dans sa tête vigoureuse et expressive une ressemblance avec le portrait de son père par M. Ingres.
Je n’avais jamais eu l’honneur de lui être présenté, et je me croyais, sous tous les rapports, complétement inconnu de lui.
Un soir, à l’opéra, placé dans un des couloirs qui conduisent aux stalles, je vis Édouard Bertin qui regagnait sa place ; je m’effaçai pour le laisser