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UNE SÉANCE À L’INSTITUT.

3° Distribution des grands prix.

Enfin, exécution de la scène qui avait remporté le prix de composition musicale.

Ces séances se ressemblent à peu près toutes ; j’en ai vu souvent depuis, et j’ai toujours été frappé de l’espèce d’agitation fébrile qui règne surtout dans les tribunes occupées par les jeunes artistes, la plupart élèves de l’École. J’ai toujours entendu les mêmes cris, remarqué les mêmes symptômes d’ennui et d’impatience quand M. Quatremère de Quincy ou ses successeurs s’étendaient avec trop de complaisance sur les mérites de l’homme dont ils faisaient l’éloge. Un jour entre autres ou M. Quatremère, racontant la vie de l’architecte Bonnard, arriva, au bout d’une heure, à cette phrase dite du ton nasillard qu’Henri Monnier savait si parfaitement imiter : « Messieurs, nous sommes parvenus à la trentième année de la vie du jeune Bonnard, il nous reste quarante ans à parcourir… » il ne put achever ; — il y eut dans les tribunes un mouvement d’effroi, suivi d’une explosion de rires, qui le força d’abréger de beaucoup ces quarante dernières années.

On comprend, en effet, que la grande attraction de cette séance était, pour les jeunes gens, l’instant où ils pouvaient se livrer à leur joie d’applaudir leurs camarades ou leurs amis vain-