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à Rouen ne sont point de cette qualité, c’est le seul crime qui soit réservé. Beuvron l’a dit à l’abbé de Grignan[1]. » Sans nous arrêter à ce que ces dernières lignes renferment d’inexact, nous dirons qu’on eut tort de ne point faire de démarches à Rouen en faveur de ce Provençal ; malgré l’édit de 1597, le chapitre donnait, quelquefois, la fierte à de grands coupables ; et, à la fête de l’Ascension qui suivit la lettre de madame De Sévigné, le privilége fut accordé à un gentilhomme de la Beauce qui avait tué son frère aîné.

1680. La fierte donnée à un gentilhomme qui avait tué sa femme. Étrange récit qu'il fait de ce meurtre.

En 1680, la fierte fut donnée à Charles Vergnault sieur de Bondilly, qui avait tué sa femme, sans y penser, disait-il. On va juger de la vraisemblance de sa confession, que nous reproduisons presque textuellement. « En l’année 1674, dit-il, j’eus quelques procès qui me furent faits par mes ennemis. Ces procès me troubloient l’esprit, de sorte que je ne savois ce que je faisois le plus souvent, dans l’appréhension d’être arrêté prisonnier pour certains décrets de prise de corps dont on me menaçoit. Dans cette crainte et faiblesse, je quittai ma maison, et m’en allai errant en divers lieux. Enfin je me retirai chez le sieur De Bincy, mon parent.

  1. Lettres de madame De Sévigné. Celle-ci est du 5 janvier 1674, et se trouve dans le troisième tome, page 200, de l’édition publiée par M. Monmerqué.