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liers et de bonnetiers ; la châsse de tous les saints, de forme gothique, de cuivre doré, ainsi que les dix-sept figures dont elle était décorée ; la châsse de sainte Anne. Derrière, venait la Cinquantaine, compagnie composée de cinquante bourgeois revêtus de casaques de velours vert, armés de fusils et de hallebardes, et marchant deux à deux, en bel ordre. La confrérie des sergens, précédée de sa vieille bannière ; le dragon de Notre-Dame, serpent monstrueux et ailé, porté au bout d’un bâton par un bedeau revêtu d’une robe violette ; il était surmonté d’une image de la sainte Vierge qui le foulait aux pieds, « pour signifier que Marie est cette femme forte qui a brisé la teste du dragon infernal[1]. » Dans la gueule du monstre, figurait un poisson, le plus gros qu’on eût pu trouver, « spatium admirabile rhombi » comme dit Juvénal ; car ce premier dragon n’était point carnivore ; il ne mangeait que du poisson, et n’aurait, pour rien au monde, accepté de la viande. Les chuchotemens, les cris qui s’élevaient à l’apparition de ce monstre, étaient couverts par les fanfares d’une musique nombreuse et brillante, par le bruit des cornets, des clairons, des trompettes[2] « résonnant mélodieusement cantiques et mottets en l’honneur de

  1. Hist. de la cathed. de Rouen, par Pommeraie, pag. 624, 625.
  2. En 1636, l’avarice du maître des Palinods fit qu’il n’y eut point de