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cette restitution était un peu tardive, et condamna Louvel « pour la faulte par luy volontairement commise, à aumosner à l’Hostel-Dieu la somme de six livres » qu’il fut obligé de remettre, à l’heure même, dans les mains du greffier en chef. Il lui fut défendu « de plus commettre telles faultes, à l’advenir, et d’exiger aulcuns deniers que suivant les ordonnances et réglements, ou ceux qui luy seroient volontairement donnez. » Le premier président lui enjoignit, en outre, de porter honneur et respect à ses anciens, qu’il n’avait pas épargnés dans ses explications. Arrivés à la maison du hallage, les huissiers se retiraient après avoir remis le prisonnier à la confrérie de Saint-Romain. On le faisait monter à une chambre de cette maison, où il se reposait et prenait quelques rafraîchissemens, en attendant la procession ; je sais tel fils de famille, aujourd’hui père, grand-père, magistrat, qui, écolier alors, mettait beaucoup de prix à regarder le prisonnier prendre ce léger repas, et qui même lui aidait au besoin. Là, on lui ôtait ses fers, que l’on entortillait autour d’un de ses bras[1] ; et lorsque c’était un indigent couvert de haillons, on lui donnait des habits plus convenables, avec lesquels il pût figurer décemment dans la cérémonie. « Car, parfois,

  1. Quelques personnes m’ont dit que deux petites chaînettes d’argent, attachées à ses pieds, remontaient jusqu’à sa poitrine où elles étaient fixées par des rubans de soie blancs.