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Cet empressement des huissiers n’était pas entièrement désintéressé ; presque toujours, le prisonnier leur donnait une gratification ; et on les vit quelquefois rançonner ce malheureux et ses complices. Le jour de l’Ascension 1639, les huissiers Louvel et Le Chandelier ayant conduit au hallage le sieur Duchemin, prisonnier délivré au chapitre, ce dernier leur donna trois pistoles à partager entre eux. Louvel, « non content de ceste gratification », exigea encore du prisonnier deux pistoles. Le corps des huissiers l’ayant su, s’en plaignit au doyen de la communauté, qui vint dénoncer le fait au parlement ; il demanda instamment que la cour fît défense à Louvel de commettre de telles fautes, « attendu que cela tournoit au déshonneur de leur compaignye », et le condamnât par corps à restituer les deniers qu’il avait, pour ainsi dire, extorqués au prisonnier. A entendre Louvel, le sieur Duchemin, arrivé à la maison du hallage, « luy avoit baillé ung petit paquet ployé, qu’il avoit accepté, croyant qu’il y avoit dedans quelques lizetz (rubans), comme le prisonnier en avoit donné à la pluspart de ceulx qui l’assistoient. Ayant ouvert ce papier, et veu qu’il contenoit deux demies pistolles et aultant en monnoie blanche, il avoit (disait-il), sur l’instance du prisonnier, rendu, le lendemain, le dict argent au procureur de Duchemin. » Le parlement jugea que