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Tronquay pour l’exciter à cette échauffourée qui devait avoir de si tristes conséquences. Qu’avaient fait les habitans du Tronquay, que se défendre contre un agresseur injuste et violent ? aussi le chapitre et le parlement ne cachaient-ils pas la compassion que leur inspirait le sort de ces malheureux, assez punis d’ailleurs par deux années de misère et d’angoisses. Ce fut alors que seize habitans du Tronquay, sortant de ces bois où, depuis si long-tems, ils étaient traqués comme des bêtes fauves, vinrent se faire écrouer dans les prisons de Rouen. L’un d’eux (Jacques Bresmontier) était président de l’élection de Lyons. La concordance de leurs confessions aux deux chanoines députés pour les interroger, la conformité de ces déclarations avec les témoignages de toutes les personnes du pays, la peinture naïve et attendrissante de leurs longues et cruelles souffrances, ne permirent point aux chanoines ni au parlement d’hésiter plus long-tems. Malgré le duc de Longueville, qui voulait faire donner la fierte à un sieur De Lislemare ; malgré une lettre de la reine contre les habitans du Tronquay ; malgré la démarche du sieur De Fours, qui vint, le jour de l’Ascension, « supplier les chanoines de avoir esgard à l’action noire des habitans du Tronquay, meurtriers de son frère », les seize prisonniers furent élus par le chapitre ; le parlement les délivra tous seize, en déclarant que le privilége estoit pour eux et tous leurs complices, sans