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anciennes coutumes, ne pouvaient revenir de leur surprise, et regrettaient ces belles pompes qui avaient émerveillé leur jeunesse. Mais c’en était fait ; jamais, à pareil jour, les générations à venir ne devaient voir ce qu’avaient vu les générations passées.

Ainsi succomba un privilége qui, pendant sa longue durée, s’était vu en butte à tant d’attaques, et était sorti, mutilé mais vainqueur, de combats si fréquens et si animés.

Pendant son existence de six ou sept siècles, combien d’adversaires acharnés n’avaient rien épargné pour le détruire ! Les enfans dont le père avait été immolé sous leurs yeux ; la mère qui avait vu son fils unique la précéder dans la tombe ; la femme dont l’époux avait été lâchement assassiné et ravi à son amour ; des parens, des amis indignés étaient venus tour-à-tour pousser des cris de douleur et de vengeance contre des meurtriers audacieux, et contre un privilége qui acquérait l’impunité aux assassins d’êtres qui leur avaient été si chers. Des avocats de renom, un Bouthillier, un Sacy et beaucoup d’autres, avaient prêté à ces plaintes si légitimes le secours puissant de leur érudition et de leur éloquence. De graves défenseurs de la couronne, des ministres, La Moignon, Servin, Le Guesle, Foucault, Foullé, Laurent et Emeric Bigot, Boucherat, Pussort, et beaucoup d’autres,