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sévérité des dispositions de nos lois criminelles, vous pouvez m’adresser la procédure et les motifs militant en sa faveur, je les mettrai sous les yeux de Sa Majesté, et ce sera pour son cœur paternel une véritable jouissance de pouvoir accorder à ce malheureux la rémission de sa peine, si le cas est graciable, ou un adoucissement à sa punition, si elle est disproportionnée au délit[1].

» Le ministre de la justice, Duport. »

Il n’y avait point de recours possible contre cette décision du ministre, si conforme aux lois et à l’esprit du tems. Il fallut se soumettre et renoncer à cette belle prérogative que les rois avaient souvent regardée d’un œil jaloux. En 1791, pour la première fois depuis sept siècles, la fête de l’Ascension, à Rouen, n’offrit rien qui la distinguât des autres grandes solennités du christianisme. En se rappelant combien, l’année précédente encore, il y avait eu ce jour-là, dans Rouen, de concours, d’empressement et de cris joyeux, il semblait que maintenant la ville était déserte. En voyant le Palais silencieux, la place de la Vieille-Tour solitaire, la Vicomte de l’eau fermée, et toutes les prisons bien closes garder impitoyablement leur proie, les vieillards, qui ne renoncent pas facilement aux

  1. Quatre jours après, Duport n’aurait pu finir ainsi sa lettre ; car, dans la séance du 3 juin, l’assemblée nationale décréta l’abolition des lettres de grâce, de suspension et de commutation de peine.