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avait, par vivacité, donne à sa femme deux coups du manche de sa fourche, dans le ventre, coups dont elle était morte, à son grand étonnement, et il protesta qu’il n’avait pas eu l’intention de la tuer ; qu’il n’avait agi que par l’effet d’un premier mouvement de colère, excité par les injures atroces qu’elle lui adressait, et qu’il s’en était allé à Pavilly, bien éloigné de croire qu’elle mourrait des coups qu’elle avait reçus. Ces explications satisfirent les chanoines ; quoique prévenus que, s’ils jetaient les yeux sur ce misérable, le parlement n’agréerait pas leur choix, et qu’ils devaient songer à en élire un autre, ils passèrent outre, persuadés que, s’il arrivait quelque opposition de la part du parlement, M. De Luxembourg, qui protégeait Dampierre, parce que le frère de cet accusé était brigadier dans ses gardes, aurait le crédit d’en triompher ; ils élurent donc ce mari meurtrier de sa femme. Amené devant le parlement, Dampierre reproduisit les explications dont le chapitre avait bien voulu se contenter ; mais elles n’eurent aucun succès auprès de ces magistrats aguerris ; l’énormité du crime les avait pénétrés d’horreur. « Ils considérèrent, et c’est M. De Miromesnil, premier président, qui nous l’apprend[1], ils considérèrent que ce serait donner un exemple dangereux, que d’accorder la grâce à

  1. Dans sa lettre adressée à M. Bertin.