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d’imaginer les sentimens que de tels propos avaient inspirés à tous les habilans du village. On dit à Dampierre en quel état sa femme avait été trouvée, il parut aussi surpris qu’affligé, se rendit à l’écurie, et, voyant le cadavre étendu aux pieds des chevaux, éprouva ou feignit une vive émotion, et parut se trouver mal. Il sembla persuadé, il soutint que sa femme avait été tuée par celui des chevaux que l’on avait trouvé détaché. Les officiers de justice, les médecins qui vinrent constater l’état du cadavre n’admirent point cette explication ; le corps portait plusieurs marques de coups… les propos des enfans indiquaient assez la main qui les avait portés. Rien, d’ailleurs, n’était plus notoire dans le pays que la mésintelligence des deux époux, causée, disait-on, par la jalousie de la femme qui, accusait son mari d’intrigues adultères avec une voisine. Souvent Dampierre avait frappé sa femme, souvent on l’avait entendu lui adresser d’horribles menaces. Il fut arrêté, conduit à Rouen, et une procédure s’instruisit contre lui. Fidèle d’abord à son système de dénégation, il soutint long-tems que sa femme n’avait pu être tuée que par le cheval qui avait été trouvé détaché. Enfin, ayant recouru au chapitre de Rouen dans l’espoir d’obtenir la fierte, devant les chanoines députés pour l’interroger il fut plus sincère ; mais, sans doute, il ne dit pas tout encore. Il reconnut que c’était lui qui