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un rapport de plus avec le néophyte, qui, avant d’être admis à professer le christianisme, devait reconnaître et abjurer ses erreurs. Enfin, du moins anciennement, lorsque la procession, revenant de la Vieille-Tour, arrivait au parvis de Notre-Dame, la châsse de saint Romain était élevée par deux prêtres, placée en travers devant le grand portail ouvert, et tout le peuple, s’inclinant avec respect et passant dévotement sous cette sainte châsse[1], pour entrer dans la basilique, donnait par là une nouvelle marque de sa soumission à cette foi dont l’église voulait, en ce jour, célébrer et représenter le triomphe.

Qu’après cela on ait imaginé la fable de la gargouille, il n’y a rien là qui doive surprendre. Postérieurement à la fondation de Guillaume-Bonne-Ame, sans doute, on vit partout se multiplier les images de saint Romain. Destructeur de l’idolâtrie, il fut représenté ayant à ses pieds un serpent, un dragon terrassé et frémissant. C’était ainsi que l’on représentait partout les évêques, les saints qui avaient lutté avec éclat contre le paganisme, qui avaient renversé les temples des faux dieux et brisé les idoles. Quoi de plus vulgaire que l’idolâtrie personnifiée, rendue sensible sous

  1. Rituels manuscrits de la cathédrale de Rouen, des xive et xvie siècles, à la bibliothèque du roi.