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le langage de son tems, achevé le démon qui soupirait encore. Patron de l’église de Rouen, destructeur de l’idolâtrie, propagateur de la foi nouvelle, que de titres pour figurer au premier plan dans une solennité où les chrétiens célèbrent le triomphe de la nouvelle loi sur l’ancienne, et où l’église de Rouen représentait, par des images matérielles, la délivrance de l’homme affranchi du péché ! Par lui la Neustrie, encore à demi-païenne, avait enfin secoué entièrement le joug de l’erreur et du mensonge[1], et accepté celui de la vérité. Les fers qui, à son nom, et pour ainsi dire à sa voix, tombaient, le jour de l’Ascension, des mains du prisonnier, aux acclamations d’une multitude émerveillée, étaient un emblème de ces autres chaînes dont le zélé pontife avait délivré naguère l’idolâtre converti. La châsse, la fierte du saint, imposée sur les épaules du gracié, levée par lui trois fois, étaient l’emblème du nouveau joug, du joug de la foi qu’avait accepté le catéchumène. Le prisonnier, avant de lever la fierte, se confessait naguère au célèbrant ; dans les derniers tems, il récitait encore le confiteor, et c’était

  1. Primœ vos canimus gentis Apostolos
    Per quos relligio tradita patribus,
    Errorisque jugo libera Neustria,
    Christo sub duce militat.

    (Hymne pour la fête de saint Nicaise et de saint Mellon.)
    Cette hymne peut s’appliquer, en quelques points, a saint Romain.