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même de ce monstre vaincu ; tout son embarras était de savoir lequel des deux, precisément, était la gargouille. Mais, presque dans toutes les églises de France, on portait de ces figures monstrueuses aux processions des Rogations. Un dragon, ou du moins une tête de dragon, figurait aux processions de la cathédrale de Coutances ; elle était portée par un laïque[1]. Le même usage existait à Metz, à Langres ; l’église de Paris faisait porter, dans ces processions, la figure d’un grand dragon d’osier qui avait la bouche béante. La cathédrale de Poitiers avait aussi son dragon appelè la grand’gueule, qui continua de figurer jusqu’à la révolution. L’abbaye de Fleury avait un dragon, dans la gueule duquel on mettait le feu. Ce feu s’éteignait quelquefois ; mais tout avait été prévu, et un enfant de chœur, qui marchait auprès du porteur, tenait une bougie allumée dans une lanterne, pour le rallumer promptement[2]. Il faut voir dans tous ces dragons l’image du démon, qui devait, en effet, jouer un rôle important dans des fêtes où il s’agissait de la victoire remportée sur lui par Jésus-Christ. Les trois jours des Rogations représentaient les trois grandes époques de la religion : 1°. le tems qui précéda la loi écrite ; 2°. celui où les Juifs furent régis

  1. Ordinarium Ecclesiæ Constantiensis, Mss. bibl. reg.
  2. « Ut præsto sit ignis, si extinguatur qui in ore draconis portatur. »