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semblables. Une pareille délivrance d’un prisonnier, le jour de l’Ascension, sans titre formel, n’a donc rien qui puisse beaucoup surprendre. Quoi de plus notoire d’ailleurs que l’ancien usage de solenniser les grandes fêtes du christianisme par des grâces accordées à des condamnés, par la mise en liberté de quelques détenus ? Le jour de Pâques, du tems de Théodose, on ouvrait toutes les prisons. Cet empereur en avait fait une loi expresse. Saint Éloi, évêque de Noyon, au viie siècle, semble dire qu’en France, de son tems, la fête de la résurrection de Jésus-Christ était solennisée de la même manière[1]. Le jour de l’Ascension, il y avait des motifs plus particuliers encore. On connaît l’usage où étaient autrefois toutes les églises cathédrales, de rendre sensibles les mystères du christianisme par des représentations scéniques, pour ainsi dire. « Il semble, dit Lacurne de Sainte-Palaye, qu’on ne pouvait, dans ces tems ignorans et grossiers, présenter la religion sous une forme assez matérielle pour la mettre à la portée du peuple[2]. » L’église de Rouen avait aussi ses mystères. Ainsi, par exemple, le dimanche des Rameaux, par un cérémonial qui lui était particulier, elle célébrait,

  1. « Hâc die, pœnitentibus per indulgentiam subvenitur ; patescunt carceres in toto orbe. Dont indulgentiam principes criminosis. »
  2. Premier Mémoire sur l’ancienne chevalerie.