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château, après s’être tous débottés pour faire moins de bruit, ils furent introduits par des valets. Ils entrèrent dans la chambre de leur sœur ; l’un d’eux écarta les rideaux du lit… il n’y avait plus lieu d’en douter… leur sœur était déshonorée. Cependant, aussi-tôt qu’il les avait aperçus, le sieur D’Ormois s’était jeté sur son épée, puis la lampe qui éclairait la chambre étant venue à s’éteindre, il s’était enfui en chemise, et était allé se barricader dans une des chambres de l’étage supérieur. Bientôt, voyant les issues du château fermées pour l’empêcher de s’évader, il demanda aux sieurs De Bérard ce qu’ils lui voulaient. « Il fault, lui dirent-ils, que vous espousiéz celle que vous avez déshonorée. » — « Je mourrois plustost, répondit-il ; je n’ay rien attenté contre l’honneur de madamoiselle vostre sœur ; je causois avec elle, mais c’estoit sans aulcun mal. » Cette réponse était peu faite pour contenter les trois frères. Après bien des pourparlers, D’Ormois, voyant que c’était fait de lui, résolut de vendre cher sa vie. Lui et son domestique se présentèrent à leurs adversaires, l’épée et le pistolet à la main ; de part et d’autre on tira ; des deux côtés, les balles portèrent. D’Ormois étant blessé, on lui dit qu’il estoit encore assez temps d’espouser Marguerite De Bérard, et qu’il y avoit ung prestre non loin de là. Mais il répondit qu’il voulait qu’on l’achevât, et, en disant ces mots, coucha en joue le sieur Thomas De