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ni de prisonnier. Le privilége, dit le chapitre, « a esté establi par grande dévotion et révérence de Dieu, après une voix angélique venant du ciel. »

En 1485, plus de voix angélique. L’histoire du dragon reparaît, mais avec des additions notables. Saint Romain veut se rendre au repaire du monstre, avec deux prisonniers condamnés à mort l’un et l’autre. L’un d’eux a peur et s’enfuit. Avec l’autre, le saint en vient à ses fins ; la bête monstrueuse est entraînée, au moyen d’une étole, jusques au « pont de Saine », d’où elle est jetée dans la rivière. Sur l’existence de ce pont, le lecteur sait déjà à quoi s’en tenir ; passons.

Dans le manuscrit de Louvain, autre chose. Saint Romain requiert l’assistance, non plus de deux prisonniers, mais d’un seul. La bête, amenée dans la ville, est brûlée vive et non plus jetée dans la rivière. Dans les lettres-patentes de 1512, copiées littéralement sur l’exposé du chapitre au roi, on peint comme « faisant périr batteaux et navires navigans par la rivière de Seine », ce monstre, que, selon un autre récit du même chapitre (en 1485), il a suffi de jeter vivant dans la rivière, du haut d’un pont qui, par parenthèse, n’existait pas. Aussi, dans ce récit de 1512, la gargouille n’est plus précipitée dans la Seine, comme le chapitre l’assurait en 1485 ; mais, disent les lettres-patentes, « elle mourut et fut arse et