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chanoine n’avait pas lu le livre, et il lui tardait de voir refréner l’impudence de l’imposteur qui l’avait écrit !

Au surplus, son appel à monsieur le pénitencier et à son bel esprit fut entendu. L’abbé Dadré se mit vîte à l’ouvrage ; et, dès le 27 mars suivant, le roi signa un privilége qui permettait d’imprimer une Réfutation de la responce et escrit de Me. Denys Bouthillier. Les écrits de Bouthillier avaient réjoui, dit-il, les hérétiques, charmés de voir un homme qui se disait catholique parler ainsi des miracles. « Ils avoient pu faire comme ce loup qui, voyant les bergers tuer, escorcher et manger le mouton gras, disoit en soy mesme : ô que c’est dommage que je n’en fais autant, il y auroit bien crié apres moy. » — « N’avez-vous pas, continuait Dadré, bien du subiect d’envoier ce glorieux plaidoyé en toutes les foires, par le quel on fera jugement de vostre créance ? » Bouthillier avait témoigné quelques doutes sur la vérité du miracle de saint Maclou, qui, à en croire la légende, dit, un jour de Pâques, la messe, en présence d’un nombreux auditoire, sur une baleine grande comme un rocher, et que lui et tout l’équipage avaient prise pour une île. Dadré lui répond que rien n’est plus possible, « puisqu’il y a des baleines grandes comme des montagnes, les quelles s’approchans du bord de l’eau, engloutissent les navires entiers. » Pourquoi donc la baleine de saint Maclou n’aurait-elle pas bien porté cent