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de la ligue il avait rançonné durement les paroisses des environs de Verneuil, pillè des convois, fait vendre à son profit des bestiaux enlevés à de pauvres villageois ; il était criblé de dettes, et on le soupçonnait de fausse-monnaie. Élu, toutefois, par le chapitre, et amené devant le parlement, il avoua les crimes que nous venons de rapporter. Claude Groulard, premier président, lui remontra que le privilège de saint Romain ne pouvoit estre accordé à ceulx qui se trouvoient convaincus d’ung tel assassinat de guet-à-pens. Le parlement était obsédé par les parens des homicidés, qui s’opposaient à la délivrance du prisonnier, coupable, disaient-ils, d’assassinat prémédité, écroué d’ailleurs depuis l’insinuation du privilège, et détenu au Vieux-Palais, double motif qui l’excluait de la grâce qu’il osait solliciter. Mais Hector De Barville était protégé par de puissans personnages. Le roi lui-même avait écrit en sa faveur, et l’avait, en outre, recommandé de vive voix au cardinal de Bourbon, troisième du nom, archevêque de Rouen. Son extrême jeunesse, lors de l’assassinat des sieurs De Saint-Aignan et La Caillotière, le souvenir du désordre universel qui régnait alors dans toute la France, le mouvement naturel et irrésistible qui l’avait porté à venger un frère, atténuaient un peu l’énormité du crime. « Desjà sous le privilège sainct Romain, des cas énormes avoient esté enveloppez