Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/453

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

considération, pour n’attirer l’ire de Dieu sur eux, par la délivrance de ceux qui avoient commis des actes inhumains et exécrables[1]. » Mais le chapitre ne tenait aucun compte de tous ces avertissemens. « Nous demeurons d’accord, disaient ces ecclésiastiques, en parlant de l’assassinat de Du Hallot par le marquis d’Alègre, nous demeurons d’accord que c’est un meschant acte, un assassinat, un guetà-pens que l’on ne sçauroit assez blasmer. Mais aussy nostre privilège n’est point pour les fautes légères, pour les cas rémissibles, pour les délits communs… : c’est un remède extraordinaire, une grâce du ciel dont la grandeur n’esclate, sinon par l’opposition de l’énormité des crimes qui sont esteints et abolis par icelle. Lorsque, pour maintenir tousiours fresche et récente en la mémoire des hommes ceste délivrance esmerveillable du peuple désolè par la gargouille, nos roys octroyèrent ce privilège à l’esglise de Rouen, leur dessein fut de faire quelque chose dont la grandeur approchast au plus près de la grandeur de ce bienfaict, et qui apportast de l’estonnement au peuple, pour le faire humilier devant Dieu et luy faire considérer combien grand estoit ce miracle, puisque, pour en faire vivre la mémoire, l’on faisoit une chose si extraordinaire, en délivrant des criminels atteints et convaincus de

  1. Préambule de l’édit de Henri IV, du 25 janvier 1597.