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seulement les deux prétendans, mais Longchamp lui-même, qui, dans les derniers tems, avait fini par embrasser la cause royale, après avoir tant fait contre elle, « non toutes foys (disait le cardinal) que le dict sieur De Longchamp ayt esté autheur ou présent à l’homicide, mais pour ce que les sieurs De Saint Ouën et La Mothe l’accompagnoyent ordinairement au service de sa majesté, et, à cest effect, se retyroyent dans sa maison ; à raison de quoy, par faux rapport ou autrement, on pourroyt imputer complicité au sieur De Longchamp. Ilz estoyent tous très-dignes, ajoutait-il, de la faveur qu’ilz désiroyent. » Élu par le chapitre, le sieur De la Mothe la Sceaulle, qui, à ce qu’il paraît, s’était présenté seul, fut délivré par le parlement.

Tous ces choix, plus mauvais les uns que les autres, étaient peu propres à conjurer l’orage qui, depuis assez long-tems, menaçait le privilège de l’église de Rouen ; et admirez l’aveuglement du chapitre ; jamais il n’avait si scandaleusement abusé de son droit qu’à une époque où les publicistes, les historiens, les jurisconsultes, les savans, attaquaient vivement le privilège en lui-même comme un empiétement, une usurpation sur les droits de la souveraineté. C’était alors que Bodin, dans sa République[1], parlant du droit d’octroyer grâce aux

  1. Livre premier, chapitre dernier.