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qu’armés de toutes pièces, le pistolet au poing ; et c’est ce que firent de leur côté Longchamp et les siens. Un jour, Boyssymon ayant rencontré un domestique de Longchamp, lui dit : « Dis à ton maistre qu’il ne nous pourra empescher de chasser où il nous plaira ; à trois frères que nous sommes, nous avons moyen d’exterminer la race de Longchamp et celle de ceulx qui l’assistent. » Ces menaces excitaient de plus en plus la haine que se portaient mutuellement tous ces gentilshommes. Les sieurs De Saint-Ouen et La Mothe La Sceaule, amis de Longchamp, « arméz de cuyraces et pistolletz », épièrent dans la campagne le sieur Du Boyssymon, et l’ayant trouvé, un jour, seul avec un domestique, l’attaquèrent, tirèrent sur lui, le manquèrent deux ou trois fois, et enfin le tuèrent à coups d’épée ; ce fut un véritable assassinat de guet-à-pens. Le sieur De Longchamp ne manqua pas de dire qu’il était entièrement étranger à ce crime ; mais il s’en fallait que tout le monde en fût d’accord ; et lorsque les sieurs De Saint-Ouen et La Mothe la Sceaule vinrent à Rouen solliciter la fierte, les amis de Longchamp travaillèrent comme pour lui, et non sans cause ; car on croyait généralement que c’était à son instigation qu’avait été tué le sieur Du Boyssymon. Le cardinal de Bourbon, troisième du nom, qui écrivit au chapitre, vanta le zèle qu’avaient, pour le service du roi, non