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mais oser dire au chapitre qu’il ne pouvait appliquer son privilege à personne qui le méritât mieux que ce gentilhomme, n’était-ce pas outrager à la fois le chapitre et le privilège, la religion et l’humanité ; et ne croit-on pas rêver lorsqu’on lit cette incroyable lettre ? Mais dans les tems de dissentions civiles, aux yeux des hommes extrêmes de chaque parti, il n’y a plus de bien, de mal, de vice, de vertu ; mais, selon les époques, des couleurs ou religieuses ou politiques. Amour et honneur à l’homme méprisable qui arbore celles-ci ! haine et injure à l’honnête homme qui arbore celles-là ! méconnaissance, mépris et haine pour celui qui ne marche sous aucune des bannières que les partis ont déployées, parce qu’à ses yeux aucune d’elles n’est sans tache ; tel est, tel fut, tel sera toujours le cri des factions. Ainsi, au dire du duc de Mayenne, on n’aurait pu trouver un homme qui méritât mieux la fierte que l’odieux auteur de l’assassinat le plus lâche et le plus froidement, le plus long-tems prémédité qui fut jamais. M. De Villars renforçait cette recommandation, et « supplioit le chapitre, en son particulier, de toute son affection, de donner la fierte au marquis d’Alègre. » C’était ce même Villars, qui, trois ans auparavant, avait dit au chapitre : « Je vous jure que je seroys très-marry de vous avoir prié pour homme qui fût indigne d’un sy sainct privilège, quand bien il seroit mon parent. »