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pied à terre et donnèrent leurs chevaux à tenir à leurs laquais. Du Hallot, la main au chapeau, souhaita le bonjour au marquis d’Alègre. Mais celui-ci, la teste couverte, lui dit : « Il fault mourir » ; et tirant son poignard, lui en donna plusieurs coups dont il mourut peu de tems après, achevé à coups d’épée par les amis du marquis, tandis que les autres désarmaient les deux gentilshommes qui accompagnaient Du Hallot[1]. D’Alègre et les siens remontèrent à cheval, et gagnèrent au grand trot la porte de la ville, où trouvant la herse abaissée, ils parvinrent à la hausser, malgré les sentinelles, s’échappèrent tous, et s’en allèrent droit au château de la Roche-Guyon, où ils dînèrent ; le soir, ils étaient tous de retour au château de Blainville. Ce crime avait été commis le dimanche 13 septembre 1592. Dès le 17, la dame Du Hallot, veuve de l’homicidé, les dames De Mollac et De la Vérune, ses filles, prosternées aux pieds du parlement de Caen, lui dénonçaient l’horrible assassinat de Vernon, et lui demandaient justice. Ce parlement ordonna qu’il en serait

  1. On montre encore, à Vernon, la maison où fut commis ce mémorable assassinat. Elle est située rue Allais, près la Fausse-Porte, et connue sous le nom de Maison carrée, ou Château. Je dois ce renseignement à M. Dumesnil, membre de l’Académie de Rouen, qui, domicilié autrefois à Vernon, a habité la maison dont il s’agit, et a toujours vu les habitans de Vernon l’indiquer comme celle où Montmorency Du Hallot fut assassiné.