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Mantreville par le chef de la ligue, le chapitre préféra au protégé du duc de Mayenne, un jeune homme de la ville, nommé Thierry Polys ; et la ligue n’avait rien à dire ; car les Polys « estoient sept frères, portant, tous sept, les armes pour la saincte unyon. » Leur affaire, pourtant, n’était pas des plus favorables. Pour se venger du sergent Yvon Gaudissart qui avait battu l’un d’eux, ils s’étaient postés au coin de la rue de la Jouste, vers la harenguerie, par où leur ennemi devait passer ; et, au moment où il avait paru, s’élançant de leur embuscade, « poulséz qu’ilz estoient du maling esprit (dirent-ils eux-mêmes dans leur confession) », ils s’étaient jetés sur lui, et l’avaient tué à coups d’épée et de dague. Ce meurtre sentait bien son guet-à-pens ; mais il avait été commis un Mardi-Gras Tous ces jeunes gens avaient fêté le patron du jour ; « ils avoient pris leur vin de quatre heures », leurs têtes s’étaient montées ; et puis le moyen de tenir rigueur à sept jeunes hommes de la ville, à sept frères « portans, tous sept, les armes pour la saincte unyon » ! Le chapitre leur accorda la fierte, et le parlement s’empressa de ratifier ce choix.


1593. Assassinat de Du Hallot-Montmorency, par D’Alègre et ses complices.

Mais c’était en 1593 que l’esprit de la ligue devait se montrer à découvert dans un choix déshonorant pour elle, déshonorant pour le chapitre qui se le laissa imposer, pour les magistrats qui n’eurent