Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/404

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

désormais d’une inviolable impunité. Dans l’assemblée des trois états de la province, qui eut lieu à Rouen cette année même (1586), quelques députés firent mettre, dans le cahier des doléances, une requête tendant à ce que le chapitre de Rouen ne pût dorénavant choisir, pour lever la fierte, que des personnes de la province. Ces députés étaient, en cela, les interprètes de leur province et même de la France tout entière. « Je souhaiterais, écrivait, à cette époque même, le judicieux Pasquier, je souhaiterois que le privilège n’eust lieu que pour les crimes commis dedans la province de Normandie, et pour les prisonniers justiciables, soit en première ou seconde instance, du parlement de Rouen[1]. » Mais le chapitre ne pouvait supporter cette idée. Il était si flatteur pour cette compagnie d’être dépositaire et unique arbitre d’une grâce que, chaque année, on venait solliciter humblement de tous les points du royaume, et de pouvoir (bien plus puissante en cela que le parlement) donner le pardon et la vie, là où cette cour souveraine n’avait pas même le droit de punir ! Aussi, le cardinal de Rourbon et les chanoines réclamèrent-ils vivement contre la demande des députés ; « c’estoit, dirent-ils au roi, un vœu émis par gens mal

  1. Estienne Pasquier, Recherches de la France, liv. 9, chap. 49 et dernier.