Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/393

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en la présence de l’un d’eux. Ce fait mérite d’être raconté avec détail. En 1568, le père de ces gentilshommes, qui était grand-maître des eaux et forêts au duché de Château-Thierry, ayant su que Nicolas Delacroix, abbé (laïque) d’Orbais, recelait chez lui une grande quantité de bois mal pris dans les forêts du roi, alla au château où Delacroix faisait sa demeure, et ordonna, de par le roi, aux domestiques de lui ouvrir les granges. Ce château était un lieu fort ; les domestiques se sentant en sûreté, ne répondirent d’abord au grand-maître que par des injures et des menaces. Mais bientôt le guichet s’ouvrit, et on vit sortir du château Delacroix et six domestiques, « tous garnis d’armes, espieux et hallebardes, signamment (principalement) le dict abbé ayant ès mains une espée nue et une rondace, les quelz tous ensemble se jectèrent furieusement sur le sieur Du Breuil et sur ceulx qui l’accompaignoyent. » Un gentilhomme et un sergent restèrent sur la place ; plusieurs officiers de la forêt furent blessés et estropiés pour leur vie ; et le grand-maître, le sieur Du Breuil, fut tué « après avoir esté navré (blessé) en plusieurs endroictz de son corps, de huict à neuf plaies, avoir eu les deux yeux crevéz, la teste percée de coups de hallebarde, la gorge couppée, et avoir reçu trois ou quatre coups d’espée dans le corps. » Après ce massacre, Delacroix fit assembler plusieurs personnes, entr’autres