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souvent chez Vaucouleurs, dont il paraissait rechercher la sœur en mariage. Mais ses assiduités s’adressaient à Jacquemine Du Boysrioult, dont il était épris. En proie au désir de la vengeance, Jacquemine Du Boysrioult dénonça un jour à Chateaubriand les mauvais traitemens que lui prodiguait son mari. Elle osa lui demander un crime affreux ; sa main, son cœur étaient à ce prix. A peu de jours de là, le sieur De Vaucouleurs fut assassiné, comme il revenait de Broons à Dinan ; et trois mois après, Chateaubriand était l’époux de Jacquemine Du Boysrioult. Cependant, la justice avait informé sur l’assassinat du sieur De Vaucouleurs. L’horrible vérité avait fini par se faire jour. Châteaubriand et le sieur De Beaucorps, son beau-frère, long-tems fugitifs, étaient, après cinq ans de vaines poursuites, tombés enfin entre les mains de la justice ; et, convaincus de l’assassinat de Vaucouleurs, avaient eu la tête tranchée à Rennes, sur un échafaud. Dénoncée par eux, dans leur testament de mort, Jacquemine Du Boysrioult, qui s’était réfugiée en Normandie, avait été condamnée par le parlement de Bretagne (le 25 septembre 1574) à estre bruslée vifve. En 1576, elle vint à Rouen se jeter aux genoux des députés du chapitre, et leur demander la fierte. Elle fut élue.

Amenée devant le parlement, et assise sur la sellette, elle se garda bien d’abord d’une sincérité qui ne pouvait que la perdre.