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artisans à qui l’on avait dit que les huguenots saccageaient l’église de Vire, y étaient accourus avec des armes, au son du tocsin, et l’église devint un champ de bataille. Plusieurs personnes périrent dans la mêlée. Martin Néel, curé de Placy, y fut vu l’épée à la main, avec deux autres prêtres, défendant l’église, dont ils croyaient, dirent-ils depuis, que les huguenots voulaient enlever les contractz. Enfin le peuple les sépara ; et « ils s’en allèrent, ayant trémeur (tremblans de crainte) pour raison du lieu où ils estoient. » Poursuivis par la justice et condamnés à mort par contumace, ils vinrent à Rouen solliciter la fierte. Les sieurs De Florimont, parens d’un des homicidés, avaient obtenu du roi une évocation au parlement de Paris, et l’ordre de faire amener sûrement Malherbe et ses complices aux prisons de ce parlement. De plus, avertis que leurs adversaires auraient recours au privilège de la fierte, ils obtinrent du roi une défense formelle, adressée au chapitre de Rouen, d’élire le sieur De Malherbe et ses complices. « Nostre intention (leur écrivit le roi) est que le contenu en nos lettres d’évocation ait lieu et porte effect, et que justice soit faicte des dessus dicts, selon le mérite de la cause. Nous vous enjoignons expressément, par ceste présente signée de nostre main, de ne concéder ny promettre la fierte aux dictz Malherbe et complices, ains laisser le différend des dictes parties au jugement de nostre