Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/314

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un plus grand nombre que le chapitre n’en eût pu délivrer pendant dix ans en vertu du privilège. Mais, pour ne parler que de l’année présente (1558), on avait fait transporter hors de la ville tant de prisonniers, qu’il ne s’en était trouvé que trois dans les prisons, qui prétendissent au privilège, savoir : un nommé Orson, de Vire « le plus insigne et notable voleur qui fût en France, fabricateur de faulse monnoye, dont deux frères avoient récemment esté exécutez sur la roë, à Paris, par sentence du prévost des maréchaux. » Le second « povre homme, laquet de tripot, avoit, par cas fortuit, tué ung sien compaignon, d’ung petit cousteau, en rixe, et, en se défendant des coups et oultraiges qu’il lui faisoit. » Le chapitre avait dû reculer devant l’énormité des crimes dont le premier s’était rendu coupable. L’homicide commis par l’autre lui avait paru pouvoir être remis par des lettres du prince ; ce qui était arrivé, en effet, peu de tems après. Le choix des chanoines n’avait donc pu tomber que sur le troisième prétendant, qui était Le Sens ; si ce choix était mauvais, était-ce au chapitre qu’il fallait s’en prendre, ou aux magistrats, qui avaient fait transporter tant d’autres détenus, parmi lesquels le chapitre eût pu en trouver de plus dignes du privilège de la fierte ? Quelques membres du parlement prétendaient que Le Sens s’était, dans sa confession au chapitre, accusé de l’assassinat de Godes, commis