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faicte ne debvoit demourer invengée. » Tous ces propos les ayant échauffés, Jacques Sore, une pertuisane à la main, se mit à leur tête : ils allèrent à l’hôtellerie du Mouton d’or, en brisèrent les portes, blessèrent mortellement un nommé Lejeune qu’ils trouvèrent en bas. Puis ils montèrent, et enfoncèrent la porte d’une chambre. Là, un triste spectacle s’offrit à leurs yeux. Un chirurgien était occupé à panser et médicamenter les officiers de la comtesse, qui venaient d’être blessés il y avait une heure. Un cordelier confessait Lejeune, presque mourant des coups qu’il avait reçus. Jacques Sore donna au barbier « ung coup de courte-dague par le nez, à sang et à plaie, disant ; « Sang-dieu, mort-dieu, es-tu icy, coquin ? qui t’amaine yci ? tu es plus prest à panser ces gens icy que les gens de la ville ; va te panser toy-mesme. » Un autre donna un coup d’épée à Lejeune, qui se confessait, en lui disant : « Sang-dieu, mort-dieu, coquin, c’est par toy que toute la noise est venue. » Un troisième frappa du plat de son épée le cordelier qui confessait Lejeune, en s’écriant : « Ces malheureux apostatz porteront plustost faveur à ung tas de coquins que aux enffans de la ville. » Les bourgeois d’Eu, qui avaient figuré dans ces scènes déplorables, firent des démarches multipliées pour avoir leur grâce du roi ; mais la duchesse de Nevers les empêcha de rien obtenir. « C’est, (dirent-ils au chapitre, dans leur confession,