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d’un éclat tout nouveau pour lui, et dont les quatorze ans de sa vie recluse dans le château d’Amboise ne lui avaient pas donné l’idée. La ville de Rouen, voulant fêter son jeune souverain, avait équipé richement vingt-quatre enfans de bourgeois et marchands, qui, « bien montés sur beaux chevaulx, suivoient ce monarque de leur âge, conduits par le roy d’Yvetot, capitaine du pont de Rouen, le quel, dit la chronique, portoit les cléfz de la ville[1] » Mais à tous ces ébattemens, à tous ces joyeux spectacles, succédèrent bientôt de plus sérieuses pensées. L’échiquier de Pâques allait tenir ses assises à Rouen ; et on avait senti quelle autorité donnerait à ce tribunal la présence du roi au milieu de tous ces juges assis en jugement.

Le 18 avril, Charles VIII vint prendre séance à l’échiquier, environné de toute sa cour. Le chancelier de France, dans une harangue aux magistrats, leur fit sentir tout le prix de l’honneur qu’ils recevaient, et leur rappela les devoirs sacrés que leur imposait leur auguste ministère. « Le roy nostre seigneur, dit-il, voulant exalter sa souveraine court de l’eschiquier de Normandie, est venu en icelle, à cette fin, pour y présider et faire honneur. Présidens, conseillers, et vous tous qui auréz à faire les jugemens, considéréz les sermens que vous avez

  1. Entrée de Charles VIII à Rouen, en 1485 ; MS. de la bibl. royale.