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entendirent désigner les prêtres, nous citerons les noms de deux prêtres qui, à des époques différentes, mais postérieurement au débat dont on vient de lire le récit, furent admis à lever la fierte. Le premier fut Martin Néel, curé de Placy, qui la leva en 1574, comme complice d’un meurtre commis dans l’église de Vire. Le second fut Me. Nicolas Lefort, curé de Sideville, en Cotentin, qui obtint le privilège en 1601, comme complice du meurtre du curé de Bréville.


1485.

Nous voici arrivés à une époque où le privilège de saint Romain brilla du plus vif éclat.

Le 14 avril 1485, le roi Charles VIII, âgé de quinze ans, fit sa joyeuse entrée dans sa bonne ville et cité de Rouen, où il devait séjourner quelque tems. Jamais on n’avait vu fête plus belle, ni cortège plus nombreux, plus leste et plus brillant. On était comme enchanté de ces pompes royales qui succédaient tout-à-coup aux alarmes et aux parcimonies du sombre règne de Louis XI, comme un premier jour de printems vient réjouir le monde à la suite d’un hiver triste et nébuleux. Au lieu de ce vieux roi songeur, farouche et difficile à vivre, c’était vraiment un charme que de voir caracoler gaîment sur son destrier un jeune monarque de quinze ans, à la taille svelte, aux yeux vifs, gai, insouciant, aventureux et confiant comme on l’est à cet âge, éblouissant dans ses ornemens royaux, ébloui lui-même