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escohue ; et pour ce aréz (aurez) demain vostre response au dit lieu de l'escohue, à dix heures. »

Dix chanoines, députés par le chapitre, allèrent donc à la Cohue[1], le lendemain, recevoir cette réponse qui leur avait été promise. Là, un des avocats du roi les invita, de la part du comte de Sursbérik, à se contenter d’interroger Vincent de Vernon, que ce seigneur consentait à leur laisser voir, quoiqu’il fût criminel de lèze-majesté, et, conséquemment, exclus du privilège. Quant aux prisonniers du Palais-Royal, ce n’étaient point des détenus ordinaires, mais des ennemis et adversaires du Roy nostre sire, qui ne pouvaient jouir d’aucun privilége, et bien moins encore de celui de saint Romain ; le chapitre devait donc renoncer à les interroger. Et, comme les chanoines représentèrent qu’ils ne pouvaient souffrir aucune atteinte au privilége de saint Romain, et qu’ils avaient le droit de voir tous les prisonniers, quelle que fût la cause de leur détention, le lieutenant les apostropha en ces termes : « Voulés vous parler aux anemis et adversaires de nostre sire le Roy ? Nul n’y doit parler par confession ne aultrement. » Dans les idées religieuses du tems, ces paroles étaient bien maladroites. Aussi furent-elles rele-

  1. Cohue, escohue. On appelait ainsi anciennement, surtout en Normandie, la salle d’audience des baillis et des autres juges inférieurs.