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C’est ici le lieu de relever l’erreur qu’a commise De Bras de Bourgueville, en disant que « le privilége de saint Romain ne debvoit estre accordé aux larrons. » Nous venons de voir donner ce privilége à l’anglais Ellys, détenu pour larcin. Les anciens registres du chapitre nous offrent un assez grand nombre d’exemples semblables ; et on s’en convaincra en lisant la liste des prisonniers admis à jouir du privilége, liste qui figure à la fin du deuxième tome de cet ouvrage.


1444. Le comte de Sursbérik veut empêcher les députés du chapitre de voir des prisonniers de guerre

Dans le récit qui précède, nous avons vu le chapitre bien humble devant un prélat hautain et fier de son immense crédit. Cette compagnie montra plus d’énergie et eut aussi plus de succès dans un différend qui s’éleva en 1444 entre elle et le comte de Sursbérik[1], puissant seigneur anglais, gouverneur du Palais-Royal, récemment construit alors sur les bords de la Seine, connu depuis sous le nom de Vieil-Palais. Un nommé Vincent de Vernon, accusé d’un crime de lèze-majesté, avait été enlevé de l’église de Saint-Godard, où il était allé gagner franchise ; et on l’avait écroué au château. Aux Rogations, lorsque les chanoines commissaires des prisons se présentèrent au château, pour interroger les prétendans à la fierte, le connétable leur dit qu’il ne pouvait leur faire voir Vincent de Vernon, sans une permission du comte de Sursbérik. Ils allèrent au Palais-Royal trouver ce seigneur, lui

  1. Comte de Shrewsbury, titre de Talbot. Voir Errata et addenda en fin du deuxième volume. (note de Wikisource).