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par devers vous pour vous signifier que se vous leur voullès baillier le prisonnier, comme ilz ont acoustumë de avoir, ilz sont tous prests de le recevoir. » Le lieutenant-particulier Henri Lancestre leur dit que le lieutenant-général du bailli s’était seul mêlè jusqu’à présent de cette affaire ; que, conséquemment, il ne pouvait leur donner de solution. Il leur promit de faire connaître leur demande aux lieutenant-général et autres officiers du roi, « lesquels, avec l’aide de Dieu, leur bailleraient telle bonne response qui serait agréable à Dieu, à monsieur sainct Roumaing et au chapitre. »

Dans l’attente de cette réponse, tous les jours le clergé de la cathédrale faisait dans la ville une procession solennelle que suivait une multitude innombrable de fidèles. Le vendredi, lendemain de l’Ascension, la procession se rendit à Notre-Dame de-la-Ronde ; les jours suivans à Saint-Godard, à Saint-Denis, à Saint-Martin-du-Pont, à Saint-Herbland, à la « Chapelle-Saint-Léonard, jouxte le moustier de Saint-Amand, » à Saint-Sauveur, à Saint-Ouen, à Saint-Maclou. La châsse de Saint-Romain figurait au milieu du cortège, environnée de tous les membres de la confrérie. Ces processions quotidiennes excitaient au plus haut degré l’intérêt des habitans de Rouen, toujours très-attachés au privilège de la fierte. Mais elles inquiétaient les officiers du roi d’Angleterre, et l’opinion publique