Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bannir de la province, il demandait chemin royal, ou voye de droict, ce qui était la même chose ; alors, on faisait venir les magistrats et quatre chevaliers, et devant eux, le prisonnier, ung pié sur le lieu sainct, et l’autre dehors, jurait sur les Évangiles qu’il partirait de Normandie, et que jamais il n’y reviendrait. Il devait alors partir immédiatement. Ses frais de route lui étaient payés jusqu’au point de la frontière par où il devait sortir du pays. Des officiers de la justice laie et de la justice ecclésiastique du doyenné d’où il partait pour l’exil, l’accompagnaient jusqu’au plus prochain doyenné. Là, d’autres officiers les relevaient, et convoioient l’émigrant jusqu’au doyenné le plus voisin, et ainsi de suite, de doyenné en doyenné, jusqu’aux limites de la province. Nous reproduirons ici le texte même de l’ancien coutumier, pour ceux de nos lecteurs qui aiment à voir les choses dans leur source. « Se (si) aulcun damné ou fuytif s’enfuyt à l’église ou en cymitière, ou en lieu sainct, ou s’il se aërd (attache) à une croix qui soit fichée en terre, la justice laye le doit laisser en paix par le privilège de l’église ; si, qu’elle ne mette la main à luy. Mais la justice doibt mettre gardes qu’il s’enfuye d’illec. Et s’il ne se veult dedans neuf jours rendre à la justice laye, ou foriurer Normendie, la justice ne souffrira d’illec en avant que on luy apporte que menger à soustenir sa vie, jusques à ce qu’il soit rendu à justice, pour en