Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

protection, regardant comme une atteinte à son privilège toute difficulté qu’on pourroit vous faire à ce sujet. »

Enqête de 1394. Tous les complices participaient-ils à la grâce obtenue, au moyen du privilége, par un des auteurs du crime ?

Mais, sans anticiper davantage sur l’ordre des faits, arrêtons-nous à l’année 1394, si mémorable dans l’histoire du privilège de saint Romain, et où les conséquences de ce beau privilège furent si habilement et si curieusement développées. Cette année, à la fête de l’Ascension, la fierte avait été levée par le nommé Jehan Maignart, de la paroisse de Saint-Maclou de Rouen, coupable de l’assassinat de Rogier Le Veantre. Il n’avait pas été seul à commettre ce meurtre, et une scène qui se passa dans la ville, le jour de l’Ascension, semblerait même indiquer que, s’il était pour quelque chose dans ce crime, du moins n’y avait-il pas eu le principal rôle. Après la cérémonie de la fierte, les confrères de Saint-Romain conduisaient, comme en triomphe par les rues de Rouen, Jehan Maignart, couronné de fleurs. Au bout de la rue de l’École, une femme du peuple apostropha le prisonnier en ces termes : « Faux traître, meurdrier, tu as pris le fait sus toy, pour délivrer autry ; tu t’en repentiras. Je pri à dieu et à Monseigneur saint Romain que tu faches encore le fait de quoy tu saies trainné et pendu. » Cette insulte faite au prisonnier, en présence de tous les membres de la confrérie de Saint-Romain et d’une multitude nombreuse, fut dénoncée au