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auquel semblaient attachées ses destinées. On racontait de grands miracles opérés par ces saintes reliques, dans des calamités auxquelles avait été en proie la capitale de la Normandie. Le dernier, tout récent encore, était présent à tous les esprits. Il y avait à peine six ans[1]. la Seine en fureur avait rompu une arche du pont de Rouen, et, s’élançant de son lit, avait renversé les murailles et allait inonder la ville. Tout-à-coup on avait vu une procession générale s’avancer lentement vers le fleuve, ayant à sa tête l’archevêque Guillaume Flavacourt, et au milieu d’elle un bras de saint Romain, que des prêtres portaient avec respect. A peine cette sainte relique avait-elle paru, qu’à la vue de tout le peuple émerveillè, la Seine, devenue docile, s’était retirée dans son lit, vaincue aujourd’hui par la seule apparition des restes de saint Romain, comme, six siècles avant, elle l’avait été par la présence du saint pontife et par sa voix puissante et souveraine. Tant de merveilles avaient accru la dévotion des Rouennais pour saint Romain leur ancien évêque, et sa châsse était devenue ainsi pour eux l’objet d’un véritable culte et d’une sorte d’adoration. Cette

  1. Un manuscrit de la bibliothèque Bigot rapportait ce fait comme arrivé en 1296. Pommeraye en parle dans son Histoire des archevêques de Rouen, in-f°., pages 129 et 489, et dans son ouvrage intitulé : La Vie et Miracles de saint Romain, archevêque de Rouen. Rouen, 1652, pages 74, 75 et suivantes.