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devanciers, nos pères (ce mot me plaît mieux), nos pères, donc ont donné des couronnes à Gaillard, pour avoir dignement loué notre grand Corneille ; à La Harpe, qui avait célébré en de beaux et nobles vers les Chevaliers normands et leurs merveilleux exploits dans la Sicile ; à une jeune femme, née dans notre ville, madame Du Bocage, que la France et l’Italie devaient plus tard honorer à l’envi.

Tout cela, dans le temps, fit bruit plus qu’il ne nous appartient de le dire. Fontenelle, le centenaire, était vraiment fier de son ouvrage et heureux de son titre d’associé, « titre après lequel, écrivait-il à nos pères, je n’en prévois ni n’en désire plus d’autres. »

De Ferney, Voltaire avait applaudi aux généreux efforts de l’Académie, aux triomphes de nos lauréats, dont il prophétisa les brillantes destinées, aux doctes mémoires de Le Cat, aux poésies de Formont, à celles de Cideville. « Il ne se faisait plus de bons vers qu’à Rouen, écrivait-il. Je viens d’en recevoir qui auraient fait honneur à Sarrasin et à l’abbé de Chaulieu. Mais pourquoi donc n’avez-vous point de mois de mai en Normandie ? Si Rouen avait d’aussi beaux jours que de bons esprits, je vous avoue que je voudrais m’y fixer. » — C’étaient là, croyez-le, de vives et intimes joies pour ce qui restait encore alors des anciens et rares habitués du petit jardin de Bouvreuil. Au reste,