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martiale autant que vieux capitaine qui eût guerroyé au temps de la Ligue, demandant uniquement pour se montrer une occasion favorable, que le ciel lui devait, et qu’en effet il lui envoya bonne, mais à laquelle aussi elle ne fit point défaut, comme on va le voir.

À la vérité, elle l’attendait de pied ferme, et armée, comme on dit, de toutes pièces. Car la superbe des hommes et leurs grands airs ne tenant, suivant elle, qu’à l’habit, qui seul les rend ainsi fiers, entreprenants et hauts à la main, la résolue duchesse n’avait eu garde de s’arrêter pour si peu, et en avait pris dès longtemps son parti, sans autrement se soucier de ce qu’on en pourrait penser. Rouen, pour tout dire, et le Havre l’avaient vue cent fois portant lestement le pourpoint, le haut de chausses, et, sur la tête, en guise de coiffe, le chapeau d’homme orné d’une plume, à la mode du temps, et marchant d’un air naturel et dégagé comme si de sa vie elle n’eût fait autre chose. Ainsi aguerrie (et si bien intentionnée d’ailleurs), le soin de commander dans une grande ville ne pouvait pas être pour elle une affaire. Aussi trouvant Rouen au dépourvu, comme on vient de le voir, prit-elle généreusement le fardeau du commandement, mais à la charge (elle se le promettait bien) de ne point le déposer de sitôt.

La voilà donc qui, à peine arrivée à son logis de