Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/295

Cette page a été validée par deux contributeurs.

autant que les hommes, et aucunes fois plus que de certains, il leur coûtât de ne s’en pouvoir aider, en aucune sorte, de n’être plus à même de faire leurs preuves, et de se voir ainsi réduites, pour tout emploi, à d’obscurs soins de famille et à de menues questions de ménage.

Que faire néanmoins sous cette dure loi du plus fort, et en un cas si pressant, si extrême, de force majeure ? S’indigner sans doute et se plaindre, mais sur toutes choses protester en forme, faire ses réserves et en demander acte, pour empêcher l’iniquité de prescrire et le bon droit de succomber sans remède. Ainsi firent ces dames, veuillez le croire. Même, toutes ne se contentèrent pas de si peu ; et l’on pourrait signaler, dans les temps anciens et modernes, de généreuses tentatives de quelques-unes, pour faire revivre les bons usages et recouvrer les antiques libertés. Au temps de Louis XIII, par exemple, florissait une dame de Villars-Brancas, qui, pour son compte, protesta et réclama de telle sorte qu’il en devait être longtemps mémoire. L’histoire en étant ancienne et point connue, que je sache, je vais vous la raconter de mon mieux.

C’était aux premiers jours de novembre 1629, dans notre bonne ville de Rouen, où le duc de Villars-Brancas était lieutenant-général au gouvernement de