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regardez maintenant ces trois pauvres orphelins, ces enfants innocents de l’homme coupable que naguère vous voyiez mourir. Parce que leur père fut homicide, on veut, entendez-vous ? qu’ils soient mendiants, vagabonds, désespérés, meurtriers aussi peut-être ; et, pour toute raison, on nous allègue des usages, des coutumes… Ah ! je loue Dieu : vous m’avez compris, et j’entends vos murmures unanimes l’abroger, enfin, cette dure coutume que vous léguèrent vos aïeux.

« Que la cour me pardonne, c’est à elle seule que je devais parler ; mais, aussi, qu’elle daigne le dire, je l’en adjure. Dans ce vieux Coutumier dont elle est imbue, les siècles ont-ils donc tout respecté ? Où est le combat judiciaire dont ce code barbare prescrivait la forme ; étrange audience où les points du droit se discutaient naguère à coups de lance et d’épée entre les gentilshommes, et, le baston cornu à la main, entre gens de roture ! Où est ce fer brûlant, gage infaillible d’absolution pour celui dont les mains endurcies pouvaient, pendant quelques instants supporter la brûlure ? Pourquoi l’empoisonneur, l’assassin, le parricide, échappant aux gardes chargés de le traîner à l’échafaud, ira-t-il vainement aujourd’hui étreindre la croix d’un cimetière, se réfugier dans l’aître d’une église, souiller le sanctuaire de sa présence ? Pourquoi aussi a-t-on cessé de brûler, de démo-