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entreprenait autrement que la plume à la main, il se mit à relever tous les passages qui le frappaient dans les livres qu’il lisait.

Deux des registres consacrés à ces citations portent le titre : In extremis. Il y avait transcrit tout ce qui avait trait à la mort, et avait pris soin d’indiquer, par une annotation particulière, ceux qu’il désirait qu’on lui relût, quand on le verrait près de sa fin.

Sa correspondance, cependant, ne subit guère de ralentissement, et ses amis n’eurent jamais à se plaindre des fatigues que la vieillesse lui apportait. Toutes ses lettres, écrites d’une main ferme, en caractères qui semblent d’une autre époque, respirent un parfum d’exquise politesse, et il est à remarquer que, bien qu’écrites au courant de la plume et sans le moindre effort, elles sont rédigées avec le même soin et la même correction que si elles eussent dû être imprimées.

La dernière qu’il put écrire en entier était adressée à M. de Tourville, président de Chambre honoraire à la cour de Rouen[1].

Il voulut ensuite adresser un dernier souvenir à M. Hébert, ancien Garde des sceaux, dont il aimait toujours à vanter le talent éminent et la noblesse de caractère ; mais il ne put tracer que quelques lignes : la lettre ne fut point achevée.

Peu de temps après, le 3 août 1881, M. Floquet s’éteignait à Formentin, dans les sentiments d’une vive piété, entouré des plus tendres soins d’une femme dévouée, qui, constamment, s’était associée de cœur et d’esprit aux travaux de son mari.

Il laisse après lui d’excellents ouvrages qu’on consultera toujours avec profit, et qu’on lira toujours avec plaisir. Sa mémoire a été honorée par des éloges d’amis, de litté-

  1. Cette lettre avait été écrite à l’occasion de la mort de M. de Tourville, jeune magistrat, d’une rare distinction.