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toires de France et dans toutes les cohues ! Vite, il lui fallait, bon gré, mal gré, payer l’amende ; auquel cas, en recevant ses vingt sous, les drôles le saluaient d’un grand merci, lui promettant bien de ne le point oublier dans leurs prières. Ou bien, faisiez-vous mine de résister ? vous vous voyiez appréhendé au corps et contraint de passer le guichet ; comme il advint un jour à un fermier qui avait voulu contester, et à son maître qui, se mêlant, mal à propos, de l’affaire, s’était laissé aller, dans sa colère, à parler trop peu circonspectement de la Basoche.

Malheur, surtout, aux solliciteurs de procès, ce fléau des parlements, gens audacieux, fripons insignes, infestant, alors, partout, en France, les abords de tous les prétoires, y tendant leurs toiles où venaient se prendre tous les niais, vendant, au poids de l’or, à des rustres, leur protection auprès de tel de messieurs, du Parlement dont ils se disaient les amis particuliers, et qu’ils n’auraient osé saluer. Cent fois l’antique Basoche les avait flétris par ses sentences ; mais à la Basoche moderne était réservé l’honneur d’en purger le Palais à toujours.

Un autre objet la regardait encore ; on avait pu, dans ces derniers temps, se faire admettre abusivement dans des charges de procureurs, sans bien justifier des cinq années de cléricature exigées par les ordonnances ;