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laient gourmander et citer en justice ! — « Voilà bien du bruit pour un feu de joie (avaient-ils dit) ; vous nous demandez qui nous avons voulu brûler ainsi ; eh ! mon Dieu, un corps sans âme, et voilà tout. » Nouvel outrage pour messieurs du défunt Conseil supérieur, qui déjà n’en pouvaient mais. Le Parlement, si grave qu’il fût, ne se possédait pas de joie ; et il fit dire, sous barbe, aux officiers de justice, qu’ils eussent à laisser ces jeunes gens en repos ; leur réponse avait fait fortune, et il fut clair qu’on allait leur passer bien des choses. Les bons personnages l’avaient vu de reste, et songeaient déjà, en grande perplexité, quelle chose dommageable ils pourraient bien faire.

Dans ce moment d’ivresse, d’effusion générale, où tout le monde s’embrassait, fraternisait et s’aimait d’enthousiasme, fut renouvelée l’antique alliance entre les clercs et les écoliers, alliance offensive et défensive contre tout ce qui, dans Rouen, était soupçonné d’avoir un faible pour le calme, la tranquillité, et répugnait, si peu que ce fût, au bruit, au tintamarre, choses, en tout temps, fort prisées de la jeunesse. Quatre ou cinq cents clercs, tant du Parlement que du Bailliage, de la Cour des Aides, des notaires, des huissiers, et à peu près autant d’écoliers, plus grands que vous ne les voyez aujourd’hui (car les fruits