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de toutes les voix réunies, témoigna de la vive impression que ressentait cette assemblée d’élite. Aussi était-ce un spectacle à se croire dans les cieux ! Loin au-dessus de la terre, la Justice, appuyée sur la Religion, rendait ses oracles, que la Renommée se hâtait de répandre dans l’univers. Auprès d’elles, paraissaient la Vérité, la Sagesse et la Force ; à leurs pieds, l’Innocence suppliante poussait un cri de détresse ; et ses plaintes avaient été entendues ; car des messagers célestes, se précipitant le glaive en main, menaçaient, frappaient tous les vices, tous les crimes terrassés, frémissants : la Discorde avec ses torches ; l’Hypocrisie démasquée ; l’Ignorance, source de tant de fautes, de tant de crimes ; la Cupidité, chargée de trésors mal acquis ; enfin, toutes les passions désordonnées et furieuses qui troublent et ensanglantent le monde. Et puis, quel contraste, et, à la fois, quelle harmonie entre deux groupes si différents, entre deux actions si contraires ! En haut, dans une sphère de lumière, le calme, la majesté, la sérénité, une paix ineffable, telle qu’on l’imagine entre des êtres célestes ; la Religion, surtout, et la Justice… on ne pouvait les contempler assez ; car le peintre avait su donner à leurs traits une beauté sévère et sublime dont le type n’est point sur la terre ; tandis qu’en bas, dans les ténèbres, s’agitaient, se tordaient la terreur, la rage, le désespoir,